Géologie et tectonique

La vallée de l’Ubaye est une vallée d’origine glaciaire, située entre les massifs cristallins de l’Argentera et du Mercantour au Sud, le massif du Pelvoux au Nord-Ouest et le Queyras au Nord-Est. Les sommets sont façonnés dans des formations très résistantes (calcaire, flysch) dont certaines sont sur-creusées en cirques glaciaires (Flageollet et al., 1999). Ces formations se retrouvent jusqu’à des altitudes de 1900-2100 m et imposent des pentes supérieures à 45° (Fig. 3.2b). Au dessous, les versants intermédiaires, entaillés dans des marnes souvent recouvertes de formations morainiques glaciaires et de colluvions, possèdent des profils adoucis (pente moyenne de 20° sur l’ubac, de 25° sur l’adret). Les versants sont localement soumis à un ravinement intense responsable d’un paysage de badlands (Roubines). Ces secteurs ravinés, soumis à une intense érosion, sont plus ou moins développés. Les principaux se rencontrent sur des croupes en pentes très fortes et le long des torrents (Weber, 2001 ; Maquaire et al., 2003).

carte geol ubaye

Des torrents puissants ont entaillés des vallées profondes et étroites et ont développé des cônes de déjection imposants dans le fond de la vallée, large d’environ 1500 m (Ballandras et Nevière, 1991 ; Miramont, 1998 ; Remaitre et al., 2005). L’Ubaye s’étale largement dans son lit et dessine quelques méandres à hauteur de Jausiers et de Faucon-de-Barcelonnette. Son cours, relativement tranquille, y suit une pente moyenne faible de l’ordre de 0.8%, alors qu’elle est de 1.8% à l’amont entre La Condamine et le Pas de Grégoire, et 2% à l’aval entre Méolans-Revel et Le Lauzet.

La nature des formations et la dissymétrie des versants sont en relation étroite avec l’histoire tectonique de la vallée qui appartient à la zone structurale interne sub-briançonnaise (Légier, 1973). L’érosion différentielle à ouvert dans les nappes une ‘fenêtre’ tectonique qui laisse apparaître les terrains sédimentaires autochtones (marnes noires), profondément incisés. Sur le versant adret, les affleurements allochtones résistants sont très développés, à partir d’environ 1600 m d’altitude. Les crêtes sommitales appartiennent intégralement à la nappe du Parpaillon, la plus récente et la moins déformée, dont la formation majeure est le flysch à Helminthoïdes. Les hauts de versants (vers 2000 m d’altitude) appartiennent aux écailles basales de la nappe du Parpaillon et à la nappe de l’Autapie, avec divers faciès de flyschs. Sur le versant ubac, les affleurements allochtones sont très réduits et limités à des klippes ou des écailles calcaires de la nappe basale du Parpaillon, et des divers flyschs de la nappe de l’Autapie.

Sous ces terrains apparaît le substratum marneux des ‘Terres Noires’, succession d’assises argileuses et marneuses vigoureusement faillées et diaclasées, et marquées par de fortes et brusques variations de pendage (Légier, 1977 ; Evin, 1997). Les ‘Terres Noires’ atteignent 250 à 300 m d’épaisseur dans le bassin (Artru, 1972 ; Awongo, 1984).

Les formations morainiques observables à l’heure actuelle appartiennent au Würm ou au tardi- et post-glaciaire (Jorda, 1976, 1977, 1980, 1988). La morphologie de la vallée bassin a été fortement remodelée par le glacier de l’Ubaye lors de la dernière glaciation au Pléniwurm (15000 à 20000 B.P). Le glacier, long de soixante-cinq kilomètres et épais d’environ 600 m (Fig. 3.2c) a creusé de nombreux ombilics, tel celui de Barcelonnette, comblés de nos jours par les alluvions (Jorda, 1980 ; Assier, 1993). Il était alimenté latéralement par des langues glaciaires (Abriès, Clapouse, Terres-Plaines, Brecs, Bachelard). Les formes glaciaires jalonnent l’ensemble de la vallée (terrasses glaciaires, glaciers rocheux, arc et cordons morainiques, roches moutonnées). Les dépôts glaciaires et périglaciaires sont très riches en matrice fine de teinte beige claire à gris foncé (Flageollet et al., 1996). Des blocs morainiques hétérométriques (de quelques décimètres cubes à quelques dizaines de mètres cubes) jonchent les fonds de vallons ou les versants, en particulier sur l’adret. Reposant sur le substrat marneux imperméable, ces formations sont souvent affectées par des mouvements superficiels à cause de leur capacité de rétention en eau élevée.

Projets menés en Ubaye

L’Ubaye et de façon plus générale les Alpes du Sud, offre un véritable laboratoire géologique pour l’étude et la recherche autour des phénomènes tectoniques et gravitaires, actuels et passés, sur une large gamme d’échelles.

A l’échelle de l’arc alpin, l’Ubaye est une des zones les plus actives sismiquement. Elle a été aussi le lieu du plus fort séisme extensif des Alpes de la période instrumentale et de nombreuses failles normales cartographiées sur le terrain pourraient être encore actives.
En savoir plus sur les recherches menées »

A l’échelle des Alpes du sud, l’Ubaye est caractérisée par la mise en place (vraisemblablement gravitaire), des grandes nappes de Flysch entre les massifs cristallins externes des Ecrins et du Mercantour. Les mécanismes de mise en place de ces grandes nappes sur des dizaines de kilomètres sont encore très mal compris.
En savoir plus sur les recherches menées »

A l’échelle des massifs, les nappes gravitaires se sont mises en place à l’Eocène dans un vaste bassin sédimentaire flexural marin, le bassin nummulitique des grès d’Annot, dont les processus de remplissage implique différents types d’écoulements gravitaires, qui intéressent en particulier les géologues de l’Institut Français du Pétrole et de diverses universités nord-européennes.
En savoir plus sur les recherches menées »